BOISSONS VÉGÉTALES & DÉCARBONATION
ANALYSE 3
ANALYSE 3
BOISSONS VÉGÉTALES ET DÉCARBONATION :
Stratégies d'offre
Nos prochaines recherches vont porter sur les boissons végétales, et je vais donc rechercher à savoir comment les enseignes soutiennent le développement de cette catégorie. Les boissons végétales, vous les connaissez, vous les consommez peut-être : à base d’amande, à base d’avoine, excellent dans le café ou à base de soja.
Alors je m’intéresse aux boissons végétales pour trois raisons :
1/ C’est un formidable marqueur de la transition environnementale. Vous savez que la viande et certains produits laitiers constituent les principaux composants du fameux « Scope 3 » des enseignes, parce que très émissifs à cause du méthane émis par les ruminants. Dans ce cadre, les boissons à base de lait d’amandes ou à base d’avoine sont 3 à 7 fois moins émissives que du lait de vache. C’est énorme quand on recherche une amélioration de son empreinte carbone, ce que chaque enseigne s’attache à faire à peu près tous les jours.
2/ La production des boissons végétales est également très sensiblement moins consommatrice d’eau que le lait, le rapport étant de l’ordre de 1 à 10 pour l’avoine, et de 1 à 2 pour l’amande.
3/ C’est une catégorie de produits qui correspond à une forte demande consommateurs et une forte évolution sociétale : beaucoup de gens sont intolérants au lactose, et de plus en plus de consommateurs sont flexitariens, notamment les jeunes.
Mais, d’après Circana, les parts de marché bougent très peu. C’est ce que vous voyez à l’écran où la part de marché volume est passée de 14 à 15% en 4 ans.
Et sachez que, pour construire notre recherche, nous avons considéré pour marché de référence celui composé des laits UHT plus celui des boissons végétales. Alors quand on dit parts de marché à 15%, c’est une moyenne. Qui est, vous le savez, la forme la plus élaborée du mensonge, merci Ogévé, puisqu’une enseigne dépasse les 25% alors qu’une autre se traine à moins de 12%, c’est ce que vous voyez à l’écran. Donc, une forte dispersion, que nous allons essayer de comprendre.
Alors notre recherche aujourd’hui va porter sur l’analyse des parts d’offre consacrée à cette famille, et la possible corrélation avec les volumes. Regardons ce qui s’est passé entre 2020 et 2024. C’est le tableau qui apparaît ici à l’écran. Et bien, ça swingue pas mal ! Et les stratégies des enseignes sont loin d’être homogènes.
En effet, trois enseignes présentent en 2024 une part d’offre supérieure à 40%, au moment où 3 enseignes ont une part d’offre inférieure à 32%. Mais également de grosses dispersions dans les évolutions de part d’offre par enseigne entre 2020 et 2024.
Alors Docteur CSR, est-ce grave pour une enseigne, au regard de ses propres enjeux de décarbonation, de faire baisser la part d’offre consacrée aux boissons végétales, ou de se trimballer avec une part d’offre sensiblement inférieure à celle du marché ?
Et bien, pour le savoir, nous avons cherché à mesurer la corrélation entre ces deux variables, la part d’offre et la part de marché. C’est ce que vous voyez sur le tableau qui s’affiche, et qui concerne l’année 2023.
Nous y observons R2 = 0.41, ce qui permet de conclure à l’existence d’une certaine corrélation. Pas massive, mais elle est établie. Et après, j’ai aussi fait le calcul pour l’année 2024 ; Et là, R2 accélère, il s’établit à 0.51.
En conclusion de cette première recherche sur le marché des boissons végétales :
Nous avons à faire à un marqueur très fort de la transition environnementale. Et nous avons établi l’existence d’une certaine corrélation, en croissance ces dernières années, entre la part d’offre et la part de marché volume. Nous avons aussi constaté que certaines enseignes, qui se reconnaîtront, ont très bien joué le jeu de la décarbonation, en tendance et en valeur.
En même temps, et avec tout le respect que j’ai pour les éleveurs et les producteurs de lait, j’ai du mal à comprendre les stratégies de certaines enseignes qui font décroître la part d’offre des boissons végétales qui sont des produits demandés par les consommateurs et de l’ordre de 5 fois moins émissifs que le lait. Ce faisant, elles n’ont pas aidé la catégorie à se développer, et elles se sont un peu tiré une balle dans le pied au regard des enjeux de baisse de leurs émissions de GES qu’elles affichent maintenant à peu près toutes, avec une belle ambition.
Vous savez que cette baisse du Scope 3 constitue pour les enseignes « the elephant in the room » lorsqu’on parle de RSE. C’est pour cela que j’ai voulu vous parler des boissons végétales, et que j’ai tenu à souligner ce que certaines enseignes font de très bien pour « végétaliser » les caddies de leurs clients, que j’ai tenu à souligner comment certaines enseignes exploitent ce pouvoir qui est à leur main, ce pouvoir de développer la part d’offre de produits bons pour la planète de par leurs moindres émissions.
Lors de mes prochaines analyses, nous parlerons prix, promotion et assortiment.
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